Texte de Maria-Rosa Tirel
© 2015 M-R Tirel & France-Espagne
Aux premiers rayons du printemps, le 23 avril, les Barcelonais s'éveillent avec une âme de troubadour; ils offrent des livres et des roses à l'être bien aimé. Bien plus qu'un simple geste, il s'agit du cumul de plusieurs fêtes aux résonnances aussi bien politiques que galantes.
Sant Jordi - Saint George - incarne le patron de tous les Catalans depuis qu'un anonyme du Moyen Âge eut transféré le décor de la légende universelle de Saint Georges** de la Libye à Montblanc, au sud de Barcelone. Les chevaliers catalans s'en remirent à lui pour gagner des batailles contre les Sarrasins et, au XIIIe siècle la renommée du troubadour Jordi de Sant Jordi renforça les liens du Saint Patron avec la littérature et l'amour. (** Saint Georges tuant le Dragon pour libérer une princesse - La légende dit que du sang du dragon surgit une rose que le chevalier offrit à la princesse)
Les lecteurs universels commémorent le 23 avril la mort de Cervantes et de Shakespeare. Les Catalans ont une pensée pour l'écrivain national prolifique Josep Pla.
En 1925, le général Primo de Rivera qui avait pris le pouvoir central à la suite d'un coup d'État, choisit la date du 23 avril pour fêter le livre (le livre castillan !). En 1960, jouissant d'une certaine démocratie, les Catalans profitent de cette journée pour panser les blessures infligées à leur littérature et créent le prix littéraire Sant Jordi.
Aujourd'hui la rentrée littéraire a lieu en plein air et chaque éditeur s'affronte, un livre à la main (en guise de lance), avec de nouveaux auteurs, entourés de petits vendeurs de roses.
Si vous avez l'occasion de vous rendre en Espagne au mois d'avril et vous trouvez à Barcelone le 23 de ce mois, vous serez sûrement séduits par l'ambiance qui règne dans la ville. Tous les libraires ont leur stand dans la rue et un public nombreux, toutes tranches d'âge confondues, s'attarde devant ces stands. Les demandes des acheteurs éventuels vont du livre ancien rare, et sans doute très cher, à la BD sympathique, en passant par le dernier roman à la mode. Cette journée est appelée « die del libre i de la rosa », c'est à dire « Jour du livre et de la rose ».
Texte de Jacques ZIMMERMANN
© 2017 J. Zimmermann & France-Espagne
Le 7 juillet.
En quoi ce jour est-il important ?
Le 7 juillet est fêtée à PAMPLONA « La San Fermin » (Saint Firmin), Patron de la ville connue pour ses lâchers de Toros dans les rues.
Les « encierros » se déroulent du 6 au 14 juillet chaque année.
Si vous recevez les chaines de TV espagnoles (satellite, ADSL, Câble etc?) presque toutes retransmettent en direct les « Encierros », en particulier TVE et TVE-I. Il faut se connecter ver 7h30 pour les préparatifs, la course proprement dite commençant par le tir d'une fusée à 8h00.
Durant les préparatifs les participants rendent hommage à leur Saint Patron en chantant un court cantique sollicitant sa protection.
À Saint Firmin qui es notre Patron nous demandons de nous guider durant « l'encierro » en nous donnant ta bénédiction.
La course démarre à 8h00 précises car, si la ponctualité n'est pas une spécialité espagnole elle souffre cependant une exception de taille : tout ce qui touche aux Toros (Corridas, Encierros etc.)
Elle se déroule sui un trajet immuable de 850 mètres pour se terminer dans les arènes. Elle dure de deux à trois minutes ce qui est très court (pour le spectateur) mais doit paraître beaucoup plus long pour celui qui court avec les toros aux trousses !
Les participants sont traditionnellement vêtus de blanc avec foulard, ceinture rouges. Ils tiennent à la main un journal roulé qui sert de leurre pour détourner l'attention du Toro approchant de trop près.
Un lâcher de Toros compte 6 spécimens, mais si vous visionnez un encierro vous en distinguerez peut-être plus. C'est que vous aurez compté certains «Cabestros», animaux domestiqués qui accompagnent les «Toros bravos».
Cette tradition remonte au Moyen Age mais sa popularité internationale est en grande partie due à Ernest Hemingway. La dangerosité est évidente : une quinzaine de morts en un siècle mais surtout des dizaines de blessés chaque année durant les 8 encierros traditionnels.
Cela dit : c'est un spectacle inoubliable.
Texte de Jacques ZIMMERMANN
© 2017 J. Zimmermann & France-Espagne
Pour cette seconde chronique, je n’avais pas prévu de vous parler de CAMBRILLS mais, puisque cette petite ville balnéaire de Catalogne s’est trouvée brusquement et dramatiquement plongée sous les feux de l’actualité j’ai choisi d’en faire le thème de ce nouveau chapitre.
A différentes étapes de ma vie j’ai séjourné dans cette charmante petite ville pour y passer en famille des vacances paisibles. J’ai ensuite souvent recommandé cet endroit à des amis et récemment encore à mon fils.
Car CAMBRILS, ne laisse pas indifférent !
Située au cœur de la Costa Dorada, au sud de Barcelona et même de Tarragona (Classé par l’UNESCO au Patrimoine mondiale de l’Humanité) elle a pour voisine SALOU, plus connue, dont elle se démarque cependant en tous points. L’une, SALOU est devenue le royaume des noctambules et a été pratiquement «colonisée» par les étrangers – surtout germaniques – tandis que l’autre est beaucoup plus familiale et les estivants sont surtout espagnols. Ce sont souvent des Aragonais venant de ZARAGOZA, la capitale régionale située à moins de trois heures de route.
Le «Paseo maritimo»- maintenant tristement célèbre - borde une longue plage de sable fin (sans danger pour la baignade des enfants) et un petit port de plaisance. Ici, pas de gigantisme, tout est à échelle humaine, et la croissance de l’urbanisme a été maitrisée.
Dans la vieille ville un marché à l’ancienne où l’on trouve d’excellents produits locaux (fruits et légumes) ainsi qu’une cave coopérative proposant un vin du cru de bonne qualité (à consommer avec modération !)
Pour la restauration, à coté de quatre ou cinq tables de haut niveau un large éventail de restaurants pour tous les budgets même les plus modestes. Pour les excursions TARRAGONA, située à une vingtaine de kilomètres au Nord, vous présente ses nombreuses ruines parfaitement conservées datant de l’époque romaine lesquelles ont justifié son classement par l’UNESCO. Les amateurs de nature authentique préféreront se diriger vers le sud pour rejoindre le Parc naturel du delta de l’Ebre dont la faune et la flore sont exceptionnelles.
Les gastronomes vous diront que c’est là que l’on récolte le riz servant dans toute l’Espagne à la confection de la PAELLA.
J’espère, par ces quelques lignes avoir éveillé en vous le désir de connaitre CAMBRILS hors de toute référence aux évènements récents.
Texte de Jacques ZIMMERMANN
©2017 J. Zimmermann & France-Espagne
Felipe VI de Borbón y Grecia est monté sur le trône d'Espagne le 19 juin 2014, après l'abdication de son père Juan Carlos I.
Bourbon ? Ce nom nous ramène immédiatement à l'histoire de France.
Je voudrais essayer de présenter de manière très simplifiée les liens qui unissent Felipe VI avec la dynastie des Bourbons.
Tout commence en 1700 à la fin du règne de Carlos II (dernier Habsbourg) qui va mourir sans descendance. Pour contrer les ambitions de l'Autriche, Louis XIV soutient son petit-fils Philippe Duc d'Anjou comme prétendant - non sans une certaine légitimité- à la couronne d'Espagne. Pour bien comprendre la situation il faut faire un petit retour en arrière :
- Louis XIII a épousé Anne d'Autriche fille de Felipe III roi d'Espagne
- Louis XIV a épousé Marie Thérèse, fille de Felipe IV et petite-fille de Felipe III.
Philippe Duc d'Anjou est donc, par sa grand-mère et son arrière-grand-mère précitées, descendant en ligne directe des rois d'Espagne Felipe III et Felipe IV.
Pour lever toute ambiguïté, les diplomates de Louis XIV obtiennent qu'avant sa mort, Carlos II désigne Philippe Duc d'Anjou comme son légataire universel. C'est ce qui permit à Louis XIV de présenter à la cour le 16 novembre 1700, son petit-fils Philippe d'Anjou en ces termes : «Messieurs, voici le Roi d'Espagne», ce qui aurait fait dire à l'Ambassadeur d'Espagne qui était présent : «Il n'y a plus de Pyrénées».
C'est ainsi qu'un membre de la dynastie des Bourbons devint roi d'Espagne sous le nom de Felipe V. Ensuite, se succèderont en ligne directe Felipe V (avec, pour un court intermède, son fils Luis I) - Fernando VI - Carlos III - Carlos IV - Fernando VII - Isabel II - Alfonso XII - Alfonso XIII – Juan de Borbón - Juan Carlos I - Felipe VI
Cette longue lignée n'a certes pas dirigé l'Espagne de manière ininterrompue (intermèdes de Républiques et Dictatures) mais cela n'altère en rien les liens du sang qui unissent à travers eux et sans ambiguïté Felipe VI à Louis XIV.
Est-ce à dire que si la France revenait à la Royauté (???) Felipe VI d'Espagne pourrait revendiquer la Couronne de France ? Non ! Car, avant d'aller régner sur l'Espagne, Philippe Duc d'Anjou a dû définitivement renoncer, pour lui et sa descendance, à toute prétention à la Couronne de France.
Texte de Jacques Zimmermann
© 2017 J.Zimmermann & France-Espagne
Chaque année le 12 octobre est férié en Espagne. C’est la Fête Nationale avec son défilé militaire présidé par le Roi. Cette journée est connue en Espagne sous le nom d' «Hispanidad» (Hispanité). C’est aussi la commémoration de l'anniversaire de la découverte de l'Amérique par Christophe COLOMB le 12 octobre 1492.
Depuis le début du XX° siècle, le 12 octobre est aussi fêté dans les Pays d'Amérique Latine et plus largement par tous ceux qui parlent l'espagnol notamment aux Etats Unis. Il est aussi désigné sous le nom de «Dia de la raza» pour évoquer l'identité culturelle commune née de la fusion entre les peuples indigènes d'Amérique et les colonisateurs espagnols.
Plus récemment, en certains points de l'Amérique Latine des voix se sont élevées pour critiquer cette commémoration en considérant
que l'arrivée des Espagnols avait donné lieu à des génocides et à la destruction des cultures précolombiennes. La commémoration du
12 octobre a cependant globalement été conservée en Amérique latine (sauf Cuba) mais avec un libellé différent variant maintenant
d'un pays à l'autre pour évoquer les deux cultures comme par exemple :
- Jour du respect de la diversité culturelle (Argentine)
- Jour de la découverte (Bahamas)
- Jour de la décolonisation (Bolivie)
- Jour de la rencontre des deux Mondes (Chili)
- Jour de la rencontre des deux cultures (Saint Domingue et Costa Rica)
- Jour de Colomb (Etats Unis)
- Jour de la résistance indigène (Nicaragua)… etc. etc.
Dans un tout autre registre, le 12 octobre célèbre aussi la «Virgen del Pilar» (Vierge du Pilier), Sainte Patronne de l’Espagne en général, de l'Aragon et de Saragosse en particulier. En effet, selon la tradition chrétienne, en l'an 40 à Cæsaraugusta (Saragosse), sur les rives de l’Ebre, est apparue à Saint Jacques le Majeur venu évangéliser l'Espagne, la Vierge sur un pilier de jaspe. Avec ses 7 premiers disciples ce dernier érigea sur les lieux de cette apparition une première chapelle. C'est là que se trouve aujourd’hui la Basilique du Pilar, de loin le plus célèbre monument de la ville, qui pourtant n'en manque pas.
Texte de Maria-Rosa Tirel
©(texte) 2017 M-R Tirel & France-Espagne
En ce moment où l'Espagne est la cible préférée des médias pour les raisons que vous connaissez, je viens vous proposer un texte ludique et apaisant autour de LA TOUSSAINT (« dia de Todos los Santos » en Espagnol, « Totsants » en Catalan). Je ne m'étends pas sur les origines de cette fête chrétienne car vous savez sans doute que c'est le pape Boniface IV qui l'a instaurée en l'an 610 de notre ère, transformant le Panthéon romain en église de la Sainte Vierge et de tous les martyrs, et que la date du 1er novembre a été choisie car elle coïncidait avec une célébration romaine.
Dans mon pays, comme dans bien d'autres, le jour de la TOUSSAINT est marqué par une visite au cimetière où l'on se rend en famille, souvent un bouquet à la main, pour dialoguer in mente avec l'être cher qui n'est plus. De retour à la maison un repas de circonstance est partagé . Dans la région catalane, à Valence et aux iles Baléares la « castanyada » est très appréciée : les châtaignes grillées se marient fort bien avec les patates douces (« boniatos » en espagnol) et « els panellets » - ces gâteaux ronds de massepain nappés souvent de pignons - qui viennent à la fin, le tout arrosé souvent de « moscatell », vin doux issu du vignoble catalan.
Si vous vous trouvez en Andalousie le jour de la Toussaint vous penserez automatiquement à l'histoire de l'Espagne pendant l'invasion arabe, car « los pestinos » vous rappelleront ces friandises confectionnées avec de la farine, de l'huile d'olive, du sucre, des graines de sésame et de l'anis, saupoudrés avec du miel ou avec sucre et de la cannelle que vous dégustez dans les restaurants marocains, tunisiens, libanais, etc.
La région Castilla La Mancha, Castilla León propose los « buñuelos de viento ». Ces « beignets de vent » sont des boulettes frites avec de la farine, sucre et œufs frits. Cette pâte une fois frite double son volume d'où le nom de « viento » (vent). La tradition veut que chaque beignet avalé serve à sauver une âme du purgatoire (subtil subterfuge pour pousser à la consommation).
La liste serait longue si nous visitions toute l'Espagne mais je ne veux pas accaparer davantage votre attention. Si vous vous trouvez dans mon pays un premier novembre je vous invite à déguster ses excellentes friandises.
Mais, bien sûr, avec modération, si vous tenez à votre ligne !!!
Texte de Jacques Zimmermann
© 2017 (texte) J.Zimmermann & France-Espagne
Il est certain que l’Espagne « vit au ralenti » du 24 décembre jusqu’au 6 janvier car durant ce laps de temps se déroulent quatre événements marquants bien que d’importance très inégale.
Noël et le réveillon («Noche buena»); : 24/25 décembre
Dans l’Espagne traditionnelle c’était avant tout la célébration de la naissance de l’enfant Jésus. Ce n’était pas la Fête des enfants qui devaient attendre encore deux semaines pour recevoir cadeaux et gourmandises qu’apportaient les Rois Mages.
Encore aujourd’hui, à minuit les pratiquants ne manquent pas la « Misa del Gallo » (Messe du Coq / Messe de Minuit). Les plats traditionnels du diner sont la volaille, l’agneau et le cochon de lait ainsi que la daurade au four. Gâteaux secs et sucreries (” turrónes” ”masapanes”, dattes fourrées etc.) sont également présents.
Les Saints innocents : 28 décembre
Dans la tradition chrétienne ce jour rappelle l’assassinat sur ordre d’Hérode des enfants de moins de deux ans nés à Bethléem à l’époque de la naissance du Christ, afin d’éliminer l’enfant Jésus, qu’il considérait comme un potentiel rival. Ce jour revêt une importance accrue en Espagne car c’est l’équivalent du premier avril en France. On diffuse les nouvelles - fausses bien entendu - les plus extravagantes et les enfants accrochent dans le dos des adultes à leur insu « el monigote » (sorte de pantin stylisé découpé dans du papier ou du tissu) qui remplace notre ”poisson”
Jour de l’an et Réveillon (Noche vieja) : 31 décembre/1er janvier
Le déroulement est similaire à la France mais il faut souligner l’habitude, pour la population, de se réunir le 31 décembre peu avant minuit sur la Plaza Mayor ou autre lieu central (à Madrid sur la Puerta del sol) et de manger au rythme des cloches sonnant les 12 coups de minuit, 12 grains de raisins. Il s’agit souvent de raisins secs compte tenu de la date. Selon la tradition, cette pratique est censée apporter bonheur et prospérité pour l’année qui commence. Cet usage remonte au début du XX° siècle.
L’Epiphanie – Les Rois Mages : 6 janvier
C’est une fête beaucoup plus importante qu’en France puisque c’est le moment de la remise des cadeaux et confiseries aux enfants. Cependant depuis une trentaine d’années le Père Noël (Papa Noel) gagne progressivement du terrain. Dans beaucoup de villes, en fin d’après-midi ont lieu, avec des variantes, des défilés de chars (Cabalgatas). Juchés sur l’un d’eux, les 3 Rois Mages (Reyes Magos) jettent des bonbons aux enfants. La Cabalgata de Madrid est toujours retransmise en direct à la télévision vers 18 :00. Elle se déroule sur le Paseo de la Castellana, entre San Juan de la Cruz et Cibeles. Ensuite les Rois Mages sont interviewés avec le plus grand sérieux par la Télévision Nationale. Dûment grimés et maquillés, ils donnent avec gravité des recommandations de sagesse et d’obéissance aux enfants. Dans les familles, le 5 janvier au soir, une fois les enfants endormis, les cadeaux sont disposés, selon un rituel similaire à celui de Noël en France. Les enfants les découvriront au petit matin du 6 janvier.
La tradition de la galette des Rois (Roscón) avec sa fève est bien vivante en Espagne. Comme en Provence et dans d’autres régions de France, c’est plutôt une brioche en forme de couronne ornée de fruits confits simulant les pierres précieuses. Elle est souvent fourrée de chantilly, de crème pâtissière ou au chocolat. Lors de la dégustation entre amis, la tradition veut que celui qui trouve la fève paie « el Roscón » ou celui de l’année suivante.
En résumé : s'’il est vrai qu’en Espagne on ne travaille pas intensément entre le 24 décembre et le 6 janvier, on n’a pas le temps de s’ennuyer !
Texte de Maria-Rosa Tirel
© 2017 M-R Tirel & France-Espagne
Alors que 2017 nous quitte tout doucement laissant derrière elle un gout aigre-doux, 2018 se profile à l’horizon. Que nous réserve cette nouvelle venue?
-”Rien de bon” nous disent les pessimistes.
-”Salud, dinero y amor”” clameront haut et fort ceux qui croient encore aux miracles.
- Quant aux sceptiques, ils se contenteront de marmonner : ”chi lo sa? ”
Quoi qu’il en soit, la venue d’une nouvelle année est célébrée partout dans le monde avec faste et allégresse. Les Réveillons du Jour de l’An sont synonymes de débordements et de fantaisies en tous genres.
En Espagne un rituel exceptionnel a été établi depuis 1909.
Cette année-là, les viticulteurs espagnols connurent une récolte hors du commun ce qui les poussa à accélérer la vente de leur production. Après plusieurs hésitations ils décidèrent de demander à chacun de leurs compatriotes de manger douze grains de raisin. Mais quand et dans quelles conditions? Ils se mirent enfin d’accord sur le Réveillon du 31 décembre étant donné l’euphorie et la fantaisie qui règnent à ce moment là.
Voici donc le rituel des douze grains de raisin : à chaque son de cloche on mange un grain (ce qui provoque souvent des étouffements et des éclats de rire!), le dernier grain devant être avalé au douzième coup de minuit si l’on veut connaitre toutes sortes de réussites pendant l’année qui commence!
P.S. Depuis quelques années le commerce propose les raisins pelés et épépinés pour faciliter leur ingestion!
Cette solution astucieuse je l’avais moi-même adoptée (et cela secrètement) lors de mes jeunes années, quand je
réveillonnais avec mes parents ou entre amis à Barcelone. Mais ne le dites à personne : c’est un secret entre nous!
Texte de Jacques ZIMMERMANN
© 2018 J. Zimmermann & France-Espagne
Le mot « piropo » vient - ce qui est relativement rare en espagnol – du grec ancien «pyropus» signifiant «rouge feu». Il fût «emprunté» par les Romains pour désigner les pierres précieuses rouges (rubis, grenat…).
Selon l'Académie Royale de la Langue (équivalent de l'Académie Française), il désigne une «déclaration courte par laquelle on met en exergue les qualités de quelqu'un et en particulier la beauté d'une femme». Dans la pratique il s'agit d'adresser à une inconnue croisée fortuitement un compliment sur sa beauté, sa grâce, son élégance etc. Cette pratique, très ancienne en Espagne, s'est développée au cours des siècles : origine vers le XIIe, intensification à partir du XVe, apogée sans doute durant le XIX e et la première moitié du XXe. Elle perdure encore mais à un degré moindre et est maintenant, malheureusement, souvent dévoyée.
Comme beaucoup d'autres facettes de la culture espagnole elle s'est « exportée » en Amérique Latine et notamment en
Argentine. Mais, attention !
- Le « piropo » doit toujours être poli et respectueux, souvent même à l'excès ce qui constitue d'ailleurs l'un de ses charmes.
- Les « piropos » connus de certains écrivains, Antonio MACHADO (1875-1939) par exemple, sont régulièrement étudiés dans
les facultés de lettres.
- Le propos est dénué d'arrière-pensées. Il ne s'agit nullement de tenter de nouer un contact avec l'inconnue que l'on croise. Une fois
la phrase lancée (et entendue), chacun continue son chemin comme si de rien n'était.
- Le « piropo » est généralement bref et évoque de manière générique la beauté au sens large source d'inspiration du
« piropeador ». Celui-ci évite de désigner explicitement telle ou telle partie de l'anatomie de l'inconnue ce qui
ferait vite tomber le «piropo» dans la vulgarité voire l'inconvenance.
- En tout état de cause, s'agissant d’un compliment, le «piropo» ne peut être que positif. On ne peut évidemment pas
faire de « piropo » sur les yeux d’une inconnue souffrant de strabisme !... Mais rien n’empêche de s'extasier sur la couleur
de sa chevelure !
- Toute connotation sexuelle explicite est naturellement proscrite et ferait classer immanquablement l'auteur parmi les grossiers
personnages.
Et au XXIe siècle ?
Les mœurs ont beaucoup évolué au cours des 30 dernières années. Pour l'Espagne on peut parler de véritable bouleversement depuis la transition démocratique après plusieurs décennies de conservatisme rigoureux. Des lois ont dû être votées assez récemment réprimant le «harcèlement de rue» et son cortège d'excès : grossièretés, obscénités et autres commentaires sexistes.
Répriment-elles le « piropo » tel que présenté ci-dessus avec son passé séculaire reflet d'une véritable culture ancrée dans la tradition hispanique. Il semble que non. Elles répriment des comportements grossiers n'ayant rien à voir avec le sujet du jour. Comme me le disait une jeune mère de famille, de laquelle je sollicitais un avis sur mon projet de chronique : « Le piropo courtois hérité du passé est toujours vivant en Espagne et j'espère qu'il le restera »
En guise de conclusion je citerai un exemple de « piropo » répertorié parmi des milliers d'autres relevant de la plus pure tradition : « Je vais dire à Dieu qu'on a laissé la Porte du Ciel ouverte, qu'un Ange s'est échappé et qu'il est là devant moi !»
Doit-on s'offenser en entendant un tel propos, s'en amuser ou s'étonner de son charme désuet ?
Il ne m'appartient pas d'apporter de réponse à cette question.
Texte de Maria-Rosa TIREL
© 2018 M-R Tirel & France-Espagne
La « mona » (à ne pas confondre avec la guenon) est une pâtisserie espagnole très répandue dans les régions d’Aragon, Catalogne , Valence et Murcie, que l'on déguste particulièrement pendant la période pascale.
«Mona» viendrait du mot arabe «munna» qui veut dire "provision de bouche" et aussi "cadeau". C'est un gâteau que les morisques offraient à leurs maitres pour la fête du Aîd-el-Fitr ou Aîd-el-Kebir qui marquait la fin du Ramadan.
La mona est offerte par le parrain à son filleul(e) le jour de Pâques. C'est une pâtisserie en pâte briochée, en forme de couronne tressée ou pas, ornée de fruits confits et d'œufs durs ou en chocolat. Le nombre de ceux-ci correspondant à l'âge du filleul mais ne va pas au-delà de douze ans au moment de sa Première Communion.
Le choix de la date s'explique car l'Espagne étant un pays de tradition chrétienne observe en général le jeûne et l'abstinence pendant le Carême d'où une certaine envie de "douceurs" de bouche lorsque Pâques arrive.
Depuis un bon nombre d'années les pâtissiers espagnols, rivalisant d'imagination, élaborent des gâteaux de plus en plus sophistiqués qui n'ont rien à voir avec la galette traditionnelle. C'est ainsi que l'on peut admirer "une des caravelles de Christophe Colomb", "la Tour Eiffel", "la Sagrada Familia" cotoyant un personnage de dessins animé de Walt Disney... et j'en passe!!! Ces patisseries sont en chocolat, en massepain, en croquant etc.
NDLR : En cliquant sur ce lien vous aurez la recette de la mona catalane... en Espagnol, ce qui vous fera un bon exercice. En cherchant un peu vous pouvez aussi en trouver une en Français sans trop de difficulté.
Ci-dessous quelques images glanées sur la toile ...
Texte de Jacques ZIMMERMANN
© 2018 J. Zimmermann & France-Espagne
Parmi les quatre îles de l'archipel des Baléares, Menorca est la plus septentrionale et la plus éloignée des côtes espagnoles. Son nom remonte à la domination romaine et s'explique par sa taille puisqu'elle est cinq fois plus petite que sa « grande sœur » Mallorca qui, en outre, est près de 10 fois plus peuplée (population permanente). Comme beaucoup d'îles de la Méditerranée, son histoire est assez tourmentée avec des occupations phénicienne, romaine, vandale, arabe (califat de Cordoba), royaume d'Aragon (puis d'Espagne), et même, pour de courtes durées, française et anglaise.
L'île se présente sous une forme allongée de 50km d'est en ouest pour une vingtaine entre les côtes nord et sud. Elle est classée par l'UNESCO pour la qualité de sa biosphère. À chaque extrémité on trouve les deux principales villes de l'île : Mahon, la capitale actuelle à l'est, et Ciutadella de Menorca, l'ancienne capitale, à l'ouest. Une route principale relie ces deux villes et dessert une demi-douzaine de bourgades toutes situées dans l'intérieur des terres (conséquence de la crainte des attaques des pirates ?). Contrairement à sa grande sœur, ici, pas de plages immenses mais de petites étendues de sable fin plus intimes, et de nombreuses criques (calas) dotées de petites plages. On trouve des vestiges mégalithiques en de très nombreux points de l'île. Ils sont remarquablement signalés et certains ne manquent pas d'intérêt.
Contrairement à ce que peuvent laisser penser certaines cartes, il est impossible de faire le tour de l'île en voiture. Pour accéder aux plages, il faut donc quitter la voie centrale et prendre une des nombreuses routes sans issue aboutissant chacune à une plage quelquefois entourée de constructions de petite taille. Le seul moyen de faire le tour de l'îile est d'utiliser le « Chemin des Cavaliers », ancien sentier militaire du XVIIe siècle parfaitement rénové il y a peu, que l'on ne peut parcourir qu'à pied, à cheval ou à V.T.T.. Cela devra se faire en plusieurs étapes car le tour complet de l'île représente un périple de plus de 200km. C’est sans nul doute cette absence de voies carrossables côtières - vraisemblablement voulue par les autorités - qui a préservé l'île d'une urbanisation qui n'aurait pas manqué de la défigurer comme c'est malheureusement le cas pour beaucoup de côtes espagnoles. Rocheuse mais pas montagneuse - le point culminant est « El Toro », 358 mètres - elle offre des paysages sauvages magnifiques : Menorca est le paradis des randonneurs et des cavaliers.
J'aime beaucoup l'île de Menorca qui me donne l'impression de redécouvrir, avec une infinie nostalgie, la « Costa Brava » des années soixante. Les restaurants sont nombreux dans l'île et globalement d'un assez bon rapport qualité/prix. La cuisine locale est essentiellement orientée vers les produits de la mer, surtout la langouste pêchée à Fornells et Ciutadella. Il s'en capture une quinzaine de tonnes par an durant la période autorisée qui s'écoule d'avril à fin aout. Son prix, qui ne peut être qu'élevé, demeure cependant correct pour un crustacé de très haute qualité gustative. Ne cherchez pas ces langoustes sur les marchés car elles n'arrivent pas jusque-là : elles sont « réquisitionnées » en amont par les restaurateurs. On les retrouve sur leurs tables où elles enrichissent certaines paellas locales mais surtout constituent l'ingrédient principal de la « Caldereta de Langosta », joyau de la gastronomie minorquine.
De magnifiques paysages préservés, de belles petites plages, un climat des plus agréables, une ambiance paisible et familiale, une gastronomie attrayante, ce cocktail ne manquera pas d'attirer les amateurs de calme et de nature authentique.
P.S. En saison, la Compagnie VOLOTEA assure des vols directs Nantes/Mahon et vice-versa.
Texte de Jacques ZIMMERMANN
© 2018 J. Zimmermann & France-Espagne
Qui sont les «Leperos» ?
Ce sont les habitants de LEPE, petite ville de près de 30 000 habitants située dans la
province de Huelva à l'ouest de l'Andalousie à une vingtaine de kilomètres de la frontière avec le Portugal.
Certains diront : « j'ai déjà vu écrit le nom de LEPE, mais où ? »
Réponse : probablement sur des cageots de fraises ! En effet une immense proportion des fraises espagnoles vendues sur nos marchés
ou dans les grandes surfaces provient de LEPE.
Mais, même si la qualité de ces fraises laisse souvent à désirer, cela ne constituerait pas un motif pour s'apitoyer sur les « Leperos ». La raison est donc toute autre. C'est que « Los de LEPE » (Ceux de LEPE) sont, en Espagne, depuis plus de 50 ans les têtes de turcs dans une infinité de "chistes" (blagues)…Et il en existe des milliers dont ils sont les innocentes victimes. L’origine de cette tradition prête à controverse. Selon certains c'est un réalisateur de films plutôt comiques qui, passant ses vacances à LEPE, aurait apprécié, en spécialiste, les blagues locales que les habitants racontaient avec un art consommé. Ensuite ces nombreuses blagues auraient été retournées contre leurs auteurs.
En fait les Leperos tiennent en Espagne le rôle que le regretté COLUCHE avait dévolu - allez savoir pourquoi - à nos amis Belges tandis que d’autres comiques préféraient - sans plus de raisons d'ailleurs - prendre pour cibles les blondes. Curieusement, on retrouve d'ailleurs quelques fois les mêmes blagues visant les Leperos en Espagne, les Belges en France et … MOBUTU ou les Congolais en Belgique. Nombre d’entre elles sont difficilement traduisibles en Français. En effet elles reposent, dans leur langue d’origine, souvent sur la même construction : prendre deux homophones ayant un sens très différent. L'effet comique est donné par le fait que le Lepero va évidemment prendre l'expression dans le sens contraire à la logique du contexte.
Prenons un exemple simple : « SAL GORDA » désigne le GROS SEL mais peut aussi se comprendre comme « SAL » impératif du verbe SALIR (SORTIR) suivi de « GORDA » (LA GROSSE). Et voilà ! Il ne reste plus qu'à écrire notre blague, traduite ici librement en français : - « Pourquoi les « Leperas » un peu fortes ne rentrent-elles pas dans leur cuisine ? Parce qu'elles voient écrit (sur un pot) : « Sort la grosse »
Il semblerait que les « Leperos » prennent avec humour (ont-ils réellement le choix ?) cette situation, comme en témoigne leur réplique : « - Savez-vous pourquoi on ne trouve aucun Lepero dans les rues le dimanche ?» « Parce qu'ils ne sont pas là ! Ils sont tous dans les blagues de "LEPE" !»
J'adresse à tous les habitants de LEPE un salut amical.
Note du webmaster G.G.L. Je prends la liberté d'ajouter quelques mots au texte de Jacques, qui, j'espère, ne m'en voudra pas. Comme chacun le sait, sans doute, on est toujours le « béotien » - habitant de la Béotie, en Grèce ancienne, région de Thèbes, réputé pour sa lourdeur - de ceux qui ont quelque bonne raison d'avoir un complexe de supériorité. Rappelons-nous les Bretons, au siècle du Roi Soleil, qui «baragouinaient» (demandant du pain - "bara" - et du vin - "gwin"), ou comme, autre exemple, les habitants de la province de Santiago del Estero au nord de l'Argentine dont la réputation doit sans doute égaler ou même dépasser celle des Leperos. Un jour que nous passions la soirée dans une "peña" de Salta (sorte de cabaret populaire), l'animateur, dont les blagues nous laissaient de glace en raison de notre méconnaissance de la langue, nous avait remarqués, et troublé ou vexé par notre impassibilité, avait demandé à la cantonnade si par hasard nous n'étions pas de Santiago del Estero. Estero ou Lepero, même combat.
Texte de Maria-Rosa TIREL
© 2017 M-R Tirel & France-Espagne
À l'occasion du solstice d'été, lorsque le printemps prend congé pour laisser sa place à la saison estivale, les Espagnols se préparent pour fêter cet événement en chantant et en dansant autour de feux de joie; car le feu est le dénominateur commun de ces fêtes appelées «verbenas».
Dès la première quinzaine de juin les catalans s'organisent pour vivre ces moments conviviaux. À Barcelone, lorsque j'étais une enfant, j'allais avec mes copains visiter nos voisins pour leur demander leurs vieux meubles, objets etc. dont ils voulaient se débarrasser et qui devaient nous servir à préparer un grand brasier que nous allumerions le soir du 23 juin (veille de la Saint Jean). Et nous n'étions pas les seuls à agir de la sorte. Dans tous les quartiers de la ville cette tradition était respectée. Nos parents nous laissaient faire et préparaient à leur tour cette soirée où il y aurait musique, danse, la «coca» (gâteau traditionnel ) et le «cava» qu'ils partageaient entre amis.
Ainsi commençait la «verbena» de San Juan (Saint Jean).
L'origine de ces fêtes est méconnue. Il s'agit peut-être de la réminiscence d'une célébration païenne antérieure au christianisme ayant pour but le solstice d'été. Le feu, symbole de pureté venait chasser les mauvais esprits.
Quant au nom de verbena il vient peut-être de verveine, cette plante aromatique très abondante à cette époque de l'année et qui est sensée être porteuse de bonheur, d'apaisement...La tradition veut que l'on suspende un bouquet de verveine dans un endroit quelconque de la maison. Elle doit offrir toutes sortes de bonnes choses à ses habitants.
Texte de Jacques ZIMMERMANN
© 2018 J. Zimmermann & France-Espagne
En Espagne, en différentes circonstances vous pouvez être interpellé par le mot « ZARZUELA ».
De quoi s'agit-il ? Selon le contexte ce mot peut revêtir des sens très différents.
Dans un quotidien d'actualité Zarzuela prend le sens de « la casa real » (la maison royale). En effet le Palais de la Zarzuela, situé à une dizaine de kilomètres du centre de Madrid est depuis 1975 le lieu de résidence de la Famille Royale. Ce palais fut construit sur l'ordre de Felipe IV au XVIIe siècle pour être sa résidence de chasse et de loisirs. Il inclut un théâtre et tient son nom de l'abondance de ″zarzamoras″ (ronciers donnant les mures sauvages) qui poussaient en abondance dans les environs.
En langage courant « La Zarzuela » désigne ce palais et par extension son hôte, le Roi d’Espagne. De la même manière, nous utilisons L'Elysée et Matignon pour désigner en fait la Présidence ou le Premier Ministre.
Zarzuela peut aussi désigner un genre théâtral dans lequel alternent des répliques orales et des périodes musicales chantées ou instrumentales. Cet art est typiquement espagnol même si, dans d'autres pays européens, des œuvres artistiques utilisant la même structure - tel l'Opéra-comique en France – furent créées. L'âge d'or de la Zarzuela moderne se situe entre le milieu du XIXe siècle et le milieu du XXe. Ces œuvres furent créées principalement à Madrid mais d'autres virent le jour en province et particulièrement en Catalogne. Les prémices de cet art sont beaucoup plus anciens et remontent deux siècles en arrière avec une œuvre de Lope de Vega qui semble en marquer la naissance.
Les premières œuvres virent le jour précisément dans le théâtre du Palais de la ZARZUELA d'où elles tirent donc leur nom.
Si vous voyez écrit Zarzuela sur la carte d'un restaurateur, il ne s'agira bien entendu pas d'œuvre musicale mais de l'un des mets les plus délicats de la gastronomie ibérique. Ce plat est originaire de la province de Castellón - située au nord de la «Comunidad Valenciana» - laquelle jouxte la province de Tarragona au sud de la Catalogne. Cette proximité permet aux deux régions autonomes d'en revendiquer la paternité. Je ne trancherai évidemment pas cette querelle culinaire.
Ce qui est sûr c'est qu'il s'agit d'un méli-mélo de produits de la mer parmi lesquels on peut trouver : langoustines, gambas (ou autres crustacés), moules, de préférence sauvages, palourdes, calamars et des poissons maigres : lotte (baudroie), colin (merlu) et, si possible, ″garropa″ (mérou de la méditerranée).
Chaque cuisinier conserve jalousement le secret de sa sauce qui inclut fumet de poissons maigres, le jus des moules ainsi qu'oignon, tomate frite, vin blanc, persil, laurier etc. S'y ajoutent quelquefois des ingrédients plus surprenants tels que : poudre d’amandes ou de pignons grillés (pour donner de la consistance), brandy (cognac local) ou encore du chocolat amer ou de la liqueur d'absinthe (celle-là même que l'on appelait ″la fée verte″ au XIXe siècle et qui faisait les délices de Vincent Van Gogh et d'Henri de Toulouse-Lautrec).
Une suggestion ! Lors d'un voyage en Espagne :
- visitez la partie publique du Palais de la Zarzuela;
- déjeunez (ou dînez) d'une bonne ″Zarzuela de pescados y mariscos″;
- allez voir un spectacle de Zarzuela : il s'en joue en permanence à MADRID, notamment dans le ″ Teatro de la Zarzuela″
(près de la place de Cybeles) dont c’est évidemment la spécialité.
La boucle sera bouclée !!!
Texte de Maria-Rosa TIREL
© 2018 M-R Tirel & France-Espagne
Un peu d’histoire...
En 1687 Barcelone connut une terrible invasion de sauterelles. Tous les moyens mis en œuvre pour l'éradiquer échouèrent.
Les catalans s'adressèrent alors à la ″Vierge de la Mercé″ (Mère de Dieu de la Mercé) pour lui demander grâce (ce mot catalan « Mercé » signifie service dans le sens de compassion). Leurs prières furent rapidement exaucées, et la ″Vierge de la Mercé″ fut nommée protectrice de la ville et Sainte Patronne des Catalans, mais cela ne fut reconnu par le pape PIE IX qu'en 1868. Une basilique lui est consacrée.
Le 24 septembre est à l’origine d'une série de fêtes appelées « FIESTA MAYOR ».
La journée commence par une messe solennelle dans la basilique de la Mercé qui porte, bien sûr, le nom de la sainte, et il faut se lever de bonne heure si l'on veut avoir une place assise !
Après cette cérémonie religieuse un employé municipal prononce un discours (el PREGO) qui ouvre les réjouissances populaires. Parmi les plus connues figure le défilé de « gigantes y cabezudos »” (géants et grosses têtes) personnages hauts en couleur qui circulent dans les rues de la ville d'un pas lent et cadencé, saluant la foule à leur passage. Ils sont accueillis avec beaucoup de joie.
Il faut voir aussi les « torres humanas » (tours humaines) qui rivalisent en hauteur, sans oublier les « correfoc » (courrefeux), citadins armés de pétards qui alimentent un grand foyer.
Parmi les nouveautés introduites plus récemment et d’une grande répercussion, nous pouvons citer la « Feria de vinos de Cataluna », le marathon et le spectacle pyromusical ( grand château de feu d’artifice qui s'allume en coordination avec la fontaine lumineuse de Montjuich tandis que le premier concert égraine ses notes car la musique est présente partout dans la ville.
Ainsi commence la semaine de la “fiesta Mayor”!!!
Texte de Gilbert Ganez Lopez
© 2018 G. Ganez Lopez & France-Espagne
On raille assez facilement les jeunes footballeurs qui, dès qu'ils atteignent une certaine notoriété, investissent leurs gains plus ou moins mirobolants dans de splendides et fort onéreuses voitures de sport susceptibles de faire pâlir d'envie plus d'un membre de la gent ordinaire pour l'instant encore séduits par ces engins réputés nuisibles pour la planète qui nous héberge.
Est-ce là un travers des nouveaux riches de notre seule époque ? Certes non, et je vous en apporte l'exemple contraire tiré de faits authentiques tels que racontés par le héros de l'histoire lui-même, qui lui auraient valu de nos jours de comparaître devant une peu aimable juridiction répressive (cependant moins sévère que l'Inquisition), et d'être châtié au moyen d'une infamante suspension de permis de conduire (outre une amende salée évidemment).
Vous savez sans doute que Francisco de Goya avait un excellent ami, qu'il connaissait depuis l'école primaire (les « escuelas pias »), plus qu'un frère même dirons-nous, appelé Martín Zapater, resté à Saragosse à commercer cependant que Goya accumulait des lauriers bien mérités dans la capitale madrilène, les deux amis s'écrivant très régulièrement. Les lettres de Goya sont d'un grand intérêt pour connaître notre artiste, non pas qu'il y donne des renseignements sur son art, ses conceptions ou sa technique, dont il ne parle presque jamais, ce qui est fort déroutant pour les historiens d'art ou les esthètes, mais plutôt sur ce qui lui arrive, sur ses goûts culinaires ou le difficile choix d'une escopette, ses connaissances et ses sorties, renseignements d'autant plus intéressants qu'ils sont donnés dans le cadre de confidences à un ami intime, donc des plus sincères.
Mais revenons à notre peintre-pseudo-footballeur, le mieux étant de le laisser parler. Il n'est pas si jeune que cela, quarante ans exactement - tout est relatif - mais l'élévation de Goya dans la hiérarchie académique ou royale a été lente, et c'est précisément à cet âge qu'il obtient pour ainsi dire sa première grande consécration. Disons qu'il vient d'être recruté par le PSG et qu'il va jouer dans l'équipe de Neymar, Cavani et Mbappé.
Lettre du 7 juillet 1786 (1) : « Mon Martín, ça y est, je suis peintre du roi avec quinze mille réaux (2) par an et encore je n'ai pas le temps de t'expliquer comment le roi a donné l'ordre à Bayeu et Maella de chercher le meilleur peintre possible pour peindre les exemplaires des tapisseries (3) et tout ce qui doit se faire dans le palais à fresque ou à l'huile. Il l'a dit au roi et moi j'ai reçu cette faveur sans bien comprendre ce qu'il m'arrivait … ». Dans les explications qui suivent Francisco Bayeu aurait suggéré au roi de nommer son propre frère Ramon (du même âge que Goya), et conseillé à Maella (autre peintre du roi), de proposer de son côté Francisco de Goya, celui-ci finalement choisi par Charles III (auquel il avait été signalé précédemment par Mengs plusieurs années auparavant, en 1777).
Lettre suivante, non datée : « …Figure toi que je me suis fait faire une voiture mais, mon ami, elle va me coûter bien cher : pour les timons, pas moins de cent doublons et le cheval à l'avenant …». Dans la lettre suivante du 1er août 1786, dans laquelle Goya donne des précisions sur sa nouvelle situation financière résultant de sa nomination comme peintre du roi et indique qu'il est maintenant à la tête d'un capital de 28 000 réaux, il raconte ses aventures de pilote novice de bolide de sport. « Sais-tu que je suis boiteux après une chute que nous avons faite avec la voiture, j'avais juste réglé la moitié des 90 doublons, c'est sûr, c'est un vrai bijou (il n'y en a pas trois à Madrid comme elle) et puis elle est à l'anglaise, s'il vous plaît, et si légère que l'on ne peut pas en trouver une pour la battre, avec un cadre bien doré, verni. Nous sortons pour l'essayer avec un cheval que je venais d'acheter aussi, un bon cheval de 10 ans mais avec tout ce qu'il faut pour tenir longtemps, nous allons comme des seigneurs et moi, comme un grand avec un geste noble, rien ne pouvait nous aller mieux, nous sortons de Madrid, nous commençons à doubler le pas, moi je tiens les rênes à la napolitaine et je me dis : pourvu que je puisse revenir aussi bien et puis au galop dans l'étroit chemin qui devient encore plus étroit et qu’est-ce que tu aurais fait toi ? le demi-tour que je tentai de faire nous fit verser, la voiture, le cheval, les passagers, une belle pirouette, grâce à Dieu, rien de grave, j'ai été le mieux arrangé, moi, et depuis le jour de Saint Jacques (4), je n'ai pas pu faire autre chose que d'attendre le chirurgien de la Chambre pour savoir s'il me donnera l'autorisation de sortir, c'est la jambe droite qui a tout pris mais il n'y a ni fracture ni entorse… »
Dans la lettre suivante, du 29 août, il écrit qu'il a encore très mal à la jambe, surtout la nuit, mais que cela ne l'a pas empêché d'aller deux fois à la chasse (son vice majeur avec les taureaux). Il faut dire qu'il était doté d'une robuste constitution, au point que cela facilita la séparation des ossements du peintre d'avec ceux de son ami Martín Goicoechea avec lequel il avait été enterré à Bordeaux, lorsqu'on entreprit de l'exhumer en vue de rapatrier ses restes à Madrid. Gustave Labat, membre de la Société des archives historiques de la Gironde et de l'Académie nationale des sciences, qui était témoin des faits, écrit dans l'acte d'exhumation de l'Académie de Bordeaux : « A gauche, près d’un cercueil en zinc, complétement déformé, les restes d'un colosse avec une longue épine dorsale courbée, d'énormes tibias … on ne pouvait en douter un instant, il s'agissait des restes du célèbre peintre dont la stature, contrairement à son compatriote, était plutôt grande et puissante.»(5)
Je ne doute pas un instant que, si Goya avait été footballeur dans l'équipe du PSG, celle-ci aurait – enfin – gagné la finale de la Coupe d'Europe.
Pour ma part, je préfère quand même qu'il n'ait été qu'un peintre.
Texte de Maria-Rosa Tirel
© 2018 M.R. Tirel & France-Espagne
Si vous avez visité Barcelone vous avez sans doute apprécié les œuvres de Gaudi (la Sagrada Familia, la Casa Mila, que les Catalans appellent « la pedrera » ; le Parc Guell etc.). Vous vous êtes peut-être promené sur les ramblas entre la Plaça de Catalunya et le port où trône la statue de Colomb, vous arrêtant devant les marchands de fleurs et d’oiseaux, faisant un crochet par le marché de la Boqueria que les Catalans fréquentent en grand nombre et plus spécialement à l'approche des fêtes de Noël et du Jour de l'An. Si vous êtes mélomane et amateur d'art vous n'avez pas manqué la visite du Palais de la Musique, « Palau de la musica », édifié entre 1905 et 1908, conçu par l'architecte Lluis Domenech i Muntaner, vrai bijou du modernisme, qui fait partie du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Mais je voudrais aujourd'hui vous inviter à monter sur le tramway bleu, « Tramvia blau », qui fut inauguré en 1901 et reste le seul moyen de locomotion sur rail à Barcelone. Partant de la place J. Kennedy il circule sur une avenue bordée de maisons seigneuriales et finit son trajet au pied du funiculaire qui mène au Tibidabo, la plus haute des collines qui entourent la ville.
L'église du Sacré Cœur, que l'on doit à Enric Saigner, est entourée d'un parc d'attractions qui fait la joie des enfants. Mais personnellement j'ai toujours été saisie par le panorama offert par ce site. On peut comparer Barcelone à un grand échiquier, ses rues parallèles et perpendiculaires s'entrecroisent sans cesse, avec la Méditerranée en toile de fond.
Je voudrais enfin que lors de votre visite de la cathédrale votre regard se porte sur le retable qui montre le martyre de Sainte Eulalie, première patronne de Barcelone (IIIe siècle). Selon l'histoire sainte, Eulalie était une jeune fille gardienne d'oies. Chrétienne fervente, elle quitta ses parents et se présenta devant le prétoire romain, accusant les juges de traiter les chrétiens de façon barbare. Elle avait 13 ans lorsqu'elle fut emprisonnée et mourut en martyre. Les 13 oies que vous verrez dans le cloître de la cathédrale en perpétuent le souvenir.
Et pour conclure, un peu de folklore. Rendez-vous le dimanche matin place de la cathédrale pour danser la « sardana » au son du tambourin, de la trompette, du trombone et de la contrebasse, jouée par la « cobla », ensemble instrumental catalan. Les mains jointes, les danseurs forment des cercles plus ou moins grands. Des pas courts et des pas longs, très cadencés, se suivant alternativement. Il faudrait remonter au XVe siècle avant J.C. pour retrouver les origines de la sardana. Après les premiers exécutants, les Crétois, suivis des Étrusques et des Grecs, les Phocéens, vers 580, fondèrent un comptoir à Ampurias (« l'emporion » des Grecs). Ils étaient les ambassadeurs de la sardana qui appartient actuellement à tout le peuple catalan.
Texte de Maria-Rosa Tirel
©(texte) 2019 M.R. Tirel & France-Espagne
Je vous suggère aujourd'hui de visiter Monserrat lors d'un futur voyage à Barcelone, et je vais évoquer pour vous ses origines géologiques ainsi que la légende autour de la «Moreneta» (vierge noire)
Monserrat est un fond de mer née il y a 50 millions d'années des alluvions d'un fleuve, puis exhaussée par le plissement des Pyrénées tout proches. C'est un caprice de l'érosion.
Le massif a été déclaré parc national. Son pic le plus haut culmine à 1236 m; sa longueur est de 18 km et sa largeur de 2 km. Monserrat est située à 60 km de Barcelone
Son nom peut se traduire par "mont" (montagne), et "serrat" (scié ou en dents de scie). Formé par des conglomértas calcaires de nature sédimentaire et des restes de dépôts de la période éocène, elle constitue une anomalie géologique. Des vestiges préhistoriques ont été trouvés dans des grottes autrefois habitées; des poteries de l'époque néolithique, des silex, des ossements et des sépulcres. Plusieurs espèces végétales y sont présentes : pin, érable, tilleul, noisetier, houx ... Quant à la faune, on peut y voir des écureuils, des chauve-souris, des fouines, des sangliers ... On a comparé parfois ce massif avec les décors dramatiques wagnériens à cause de la disproportion des reliefs de la chaîne.
Parlons à présent de spiritualité. Pour les Catalans Monserrat est surtout «la Moreneta», élue patronne de la Catalogne en septembre 1844 par le pape Léon XIII. Quels sont les origines de «la Moreneta», la Vierge noire de Monserrat ? la légende de la découverte de la statue de la Moreneta s'élabore à partir des XIV et XV siècles et se développe notamment aux XVIIe et XIXe siècles.
Elle raconte que des enfants gardiens de troupeaux furent guidés par une lumière resplendissante et par un choeur céleste vers une grotte ouverte en contrebas de la montagne. L'aventure se renouvela plusieurs fois et les parents, le curé et même l'évèque furent alertés. A l'intérieur de la grotte ils y découvrirent une belle statue de la Vierge et voulant lui donner une demeure plus digne ils organisèrent une procession, portant la statue jusqu'à un bel endroit, peut être jusqu’à Monistrol, le village le pus proche. Mais subitement la statue devint tellement lourde qu'il fut impossible de la déplacer d’avantage. On considéra alors que la volonté de la Vierge était de rester dans la montagne,″sa montagne″... Et c'est ainsi que ″la Moreneta″ trône toujours au dessus du maître autel du monastère de Montserrat. En réalité ce sont les moines bénédictains qui déplacèrent la statue lorsqu'ils ont fondé l'abbaye actuelle au Xe siècle sous la direction de l'abbé Oliba.
On peut traduire "moreneta" par "petite brune", ce qui relève d'un sentiment d'affection. La « Moreneta » trône au-dessus du Maître-autel dans la basilique du monastère. Deux fois par jour des hymnes religieux y sont chantés par la « Escolania » ( manécanterie), parmi lesquels « el Virolai », hymne à la louange de la Vierge de Monserrat. Les paroles sont de Jacint Verdaguer, grand poète de la renaissance catalane, et la musqiue de Josep Radoreda.
« La Escolania »
est un choeur de 50 garçons catalans basé dans l'abbaye. Ils ont de 9 à 14 ans et y font leur scolarité.
Leur répertoire va du chant grégorien aux œuvres musicales récentes. « La Escolania » est connue dans le monde entier. Elle fut
fondée au XIIe siècle et perpétuée jusqu'à nos jours. Ces garçons reçoivent une formation musicale ainsi qu'une éducation humaine et
intellectuelle. Il y a trois critères de sélectuion :
- voix et langage,
- résultats scolaires,
- adaptation et sociabilité.
je ne peux résister à la tentation de vous dévoiler un court extrait du "Virolai". Cet hymne résonne dans toute la montagne :
Virolai
Rosa d'abril morena de la serra
de Monserrat estel
illumineu la catalana terra
guieunos cap al cel
Amb serra d'or els angelets serraren
eixos turons per fervos un palau
Reina del cel que els serafins baixaren
deunos abric dins votre manteu blau
Rose d'avril petite brune de la montagne
étoile de Monserrat
illuminez la terre catalane
guidez-nous vers le ciel
Avec une scie d'or les petits anges scièrent
ces pîcs-là pour vous faire un palais
Reine du ciel que les séraphins amenèrent
donnez-nous un abri dans votre manteau bleu
Et enfin, si vous êtes amateur d'art, ne manquez pas de visiter le musée du monastère ; il abrite six collections permanentes, soit plus de 1200 pièces :
J'espère que si vous visitez Monserrat lors d'un futur voyage à Barcelone vous ne serez pas déçus !!!